Entretien : Andrés Pica Téllez et la loi phare sur l’action climatique du Chili

What does a climate change law mean for Chile?


10th juillet 2024
Andrés Pica Téllez, qui a piloté la planification climatique en Amérique latine pour SSG, a été nommé chef de la division des changements climatiques du ministère de l’Environnement du Chili. Il est maintenant au cœur du processus d’adoption d’une loi obligeant chaque municipalité à élaborer un plan d’action climatique.
Andrés Pica Téllez a été nommé chef de la division des changements climatiques au ministère de l’Environnement du Chili, où il joue désormais un rôle central dans le processus d’adoption d’une loi obligeant chaque municipalité à élaborer un plan d’action climatique. La loi de 2022 marque un changement de paradigme où la responsabilité de la réduction des GES passe du ministère de l’Environnement à toutes les autres entités du secteur public. L’objectif du Chili est d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, et de faire plafonner les émissions en 2025.

"C’est une occasion en or" affirme Andrés Pica Téllez, entré en fonctions en mai après près de trois ans à piloter la planification climatique en Amérique latine chez SSG. "La loi est assez exhaustive et bouscule beaucoup de systèmes.."
Notre équipe est plus que ravie de voir Andrés faire rayonner son leadership et sa passion pour la lutte contre la crise climatique grâce à cette occasion sans pareil (même s’il nous manque terriblement)! En effet, il va sans dire qu’il est particulièrement qualifié pour le poste, comme il a corédigé le premier ouvrage sur les changements climatiques au Chili et démarré des dizaines d’initiatives d’action climatique à titre de directeur général du Centre de changement mondial UC à l’Université pontificale catholique du Chili. Andrés a joué un rôle décisif dans l’intégration de l’approche basée sur les données de SSG à la planification climatique en Amérique latine et dans la composition de notre équipe chilienne!
Emi Do, de SSG, s’est entretenue avec Andrés pour discuter de ses motivations, du potentiel transformateur de la loi phare sur l’action climatique du Chili, et de son parcours chez SSG.
Emi : Félicitations pour le poste de chef de la division de changements climatiques du ministère de l’Environnement du Chili. Qu’est-ce qui t’anime le plus à propos de ce poste? Que désires-tu accomplir?
Andrés : Une occasion incroyable se présente actuellement pour le Chili, avec la Loi-cadre sur le changement climatique qui oblige tous les ministères fédéraux ainsi que toutes les autorités régionales et municipales à se doter d’un plan d’action climatique conforme à la contribution déterminée au niveau national du Chili (un plan d’action climatique soumis par l’Organisation des Nations Unies). Mon travail consiste à faciliter l’élaboration de ces plans.
Cette année, nous élaborerons environ 14 plans d’action climatiques pour différents ministères, qui doivent tous prendre en compte la science actuelle. Un comité scientifique devra ensuite analyser ces plans. Ce qui est bien, c’est que l’approche est très rigoureuse… mais elle comportera plusieurs défis. Elle transforme la manière de faire des gouvernements. La loi nous force à adopter une perspective climatique dans tout ce que nous entreprenons. La loi nous force à adopter une perspective climatique dans tout ce que nous entreprenons.
Nous commençons également à mettre en œuvre ces plans et à présenter les avantages des mesures climatiques sur les collectivités outre leur réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, les autobus électriques sont plus silencieux et plus accessibles pour les personnes à mobilité réduite. C’est plus qu’une question d’éviter la catastrophe climatique : on prend aussi en compte les retombées immédiates sur la société que peuvent avoir les mesures, pas seulement dans 20 ans. Et ça, c’est vraiment important.
Emi : Selon toi, qu’est-ce que les autres pays peuvent tirer de l’approche climatique du Chili?
Andrés : La lutte aux changements climatiques ne vise pas seulement à résoudre les problèmes environnementaux; elle doit remettre en question notre manière de penser. Présentement, le Chili change sa façon de faire. La Loi-cadre sur le changement climatique est comme une loi de développement d’un pays. Tous les ordres de gouvernement intègrent les enjeux climatiques à leurs décisions. On a offert à 600 fonctionnaires une formation de perfectionnement professionnel gratuite portant sur l’expertise en action climatique. Les plans doivent être complets – avec des résultats quantifiables et appuyés par la science, pouvant être suivis – et prendre en compte l’équité. C’est important, puisque nous voulons que cette loi ait des retombées positives immédiates, et pas seulement montrer que nous avons créé de nombreux plans.
Il ne s’agit pas seulement d’installer un toit solaire par-ci par-là : il faut carrément changer le système. La loi a le potentiel de transformer la société; une transformation ambitieuse, mais nécessaire.
La loi transforme la manière de faire des gouvernements. Elle nous force à adopter une perspective climatique dans tout ce que nous entreprenons.
SSG m’a montré que l’approche coopérative fonctionne mieux que ce que je croyais! L’expérience a été transformatrice.
Emi : Ton parcours chez SSG a-t-il façonné ton approche de l’action climatique?
Andrés : Avant de me joindre à SSG, je ne connaissais pas le modèle coopératif, mais j’étais curieux de savoir s’il était possible de mener une entreprise différemment. SSG m’a montré que l’approche coopérative fonctionne mieux que ce que je croyais! L’expérience a été transformatrice. C’était intéressant de montrer son désaccord, mais aussi de s’ouvrir à d’autres opinions, puis de travailler vers un consensus et aller de l’avant.
Ce qui est particulier chez SSG, c’est qu’on y collabore réellement à tous les niveaux. Par exemple, le modélisateur et la spécialiste de la mobilisation vont être en communication. Dans mes emplois précédents, les gens travaillaient dans leur propre domaine, dans leur propre langage, chacun passionné à sa façon. La communication peut être difficile entre les parties différentes d’un même projet, mais pas chez SSG.
Emi : Tu as fait rayonner l’action climatique en occupant divers postes tout au long de ta carrière. Qu’est-ce qui te motive?
Andrés : Quand j’étais enfant, si on m’avait demandé ce que je voulais faire plus tard, j’aurais dit être ministre. Pour moi, c’était important d’exercer une influence positive sur la société. Je m’intéressais au développement social. À l’université, j’ai mis sur pied une ONG qui venait en aide aux personnes en transition des favelas vers des logements permanents. Ensuite, j’ai fait un stage en planification de la décontamination de l’eau et de l’air. L’expérience m’a montré le lien entre le travail environnemental et le développement social. Je suis encore motivé par le positif que mon travail peut apporter au monde.
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