Si c’est la hausse des taxes foncières qui a surtout fait les manchettes quand le budget 2024 de Montréal a été dévoilé en novembre, rappelons que ce budget prévoyait aussi une nouveauté plus transformatrice : le premier « budget climatique » municipal (aussi connu sous le nom de « budget carbone »).
Ce budget, qui fixe une limite à la quantité d’émissions de GES pouvant être produites par Montréal d’ici 2050, se veut un outil de reddition de comptes pour le Plan Climat, un plan d’action climatique local assorti de mesures clés pour réduire les émissions sur toute l’île de Montréal. En obligeant le conseil municipal et le personnel de la Ville à considérer les changements climatiques dans toutes les décisions d’investissement, ce budget a le pouvoir de faire progresser l’action climatique et de dissuader les choix qui aggravent la pollution.
SSG a modélisé l’incidence du Plan Climat de Montréal afin d’illustrer l’objectif de réduction des émissions qu’il reste à atteindre avec le budget climatique municipal, fondé sur la quantité maximale d’émissions de GES pouvant être produites dans l’atmosphère à l’échelle mondiale pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius par rapport aux températures préindustrielles.
Le budget impose des plafonds annuels d’unités d’émissions de GES pour Montréal. Si ce plafond est dépassé une année donnée, la Ville devra prendre des mesures pour réduire ses émissions dans les années suivantes.
Évidemment, respecter le budget ne sera pas chose aisée. Un exemple? Edmonton, la première ville canadienne à avoir adopté un budget carbone, fait fausse route. Cela étant dit, son rapport sur le budget carbone pour 2022 a marqué un jalon : c’était la première fois que la population d’une collectivité canadienne avait accès à des données actuelles sur les effets climatiques des décisions municipales. On parle ici de données révolutionnaires que, d’une part, les citoyen-ne-s peuvent utiliser pour demander des comptes à leur gouvernement et, d’autre part, les autorités municipales peuvent utiliser pour se réaligner sur leurs cibles d’émissions.
En 2017, Oslo est devenue l’une des premières villes à adopter un budget carbone, lequel l’a poussée à électrifier son réseau de transport public bien plus vite que prévu. Le plafond d’émissions fixé s’est aussi traduit par un resserrement des règlements de construction, qui a mené aux premiers chantiers carboneutres au monde.
Malgré les défis qu’il comporte, le budget carbone est un véritable catalyseur de changement et outil de reddition de comptes pour les autorités municipales. Il leur permet idéalement d’atteindre, voire de dépasser, leurs objectifs climatiques.